Les groupes armés ont été responsables de sept attaques contre des civils en Octobre 2017, le chiffre le plus faible de la région frontalière Mbomou-Uélé depuis le début de 2017. Sur les sept attaques, quatre ont été commises par des groupes de l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA) en République Centrafricaine. Deux autres attaques dans l’est de la RCA ont été liés à des tendances récentes de violence intercommunautaire et de compétition entre les groupes armés ex-Séléka et anti-balaka. Dans le nord-est de la République Démocratique du Congo (RDC), un incident violent a été signalé, impliquant un affrontement entre pastoralistes et chasseurs dans la province de Bas Uélé.
La baisse relative de l’activité des groupes armés en Octobre est liée aux tendances saisonnières historiques et aux développements politiques récents. Entre 2011 et 2016, il y a eu moins d’attaques et d’enlèvements de la LRA au mois d’Octobre comparé à tout autre mois, ce qui a entraîné une baisse des activités de la LRA en Octobre 2017 par rapport aux mois précédents. Dans l’est de la RCA, la réduction de la violence par les ex-Séléka, les anti-balaka et d’autres groupes armés était probablement liée aux récents développements politiques et sécuritaires, notamment les cessez-le-feu signés fin Septembre à Bria (préfecture de la Haute Kotto) et début Octobre (Préfecture de la Ouaka).
La LRA, y compris un groupe dissident, ciblent les civils dans l’est de la RCA
En Octobre, les groupes de la LRA ont été responsables de trois attaques contre des civils dans la partie nord-est de la préfecture de Haute Kotto, près de la ville de Sam Ouandja. Ces incidents ont suivi quatre attaques de la LRA et de nombreux aperçus de la LRA dans cette région de la Haute Kotto et dans les environs de la préfecture de la Vakaga entre Juillet et Septembre 2017. Des témoins oculaires en Juillet 2017 relient un groupe de la LRA dirigé par Aligac, ancien garde du corps de Joseph Kony à plusieurs de ces incidents. En outre, les caractéristiques historiques de l’activité de la LRA indiquent que les commandants de la LRA fidèles à Joseph Kony sont probablement responsables des activités récentes dans cette région.
Plus au sud en RCA, un groupe dissident de la LRA dirigé par l’ancien loyaliste de Kony, Achaye Doctor, a été responsable d’attaques contre des civils. Achaye a formé son groupe dissident fin 2014 suite à l’intensification des divisions internes au sein de la LRA, et a depuis opéré le long de la frontière entre l’est de la préfecture du Mbomou et l’ouest de la préfecture du Haut Mbomou en RCA et au nord du Bas Uélé en RDC. En 2016, le groupe d’Achaye était responsable d’au moins 31 attaques contre des civils, regroupées principalement près des villes de Rafai et Zemio en Centrafrique.
Des preuves récentes lient le groupe d’Achaye à au moins quatre attaques contre des civils jusqu’à présent en 2017, dont le meurtre d’une femme le 14 Avril près de Dembia et le meurtre de trois hommes enlevés alors qu’ils travaillaient dans un champ près de Ngouyo le 17 Septembre. En Octobre, le groupe s’est dirigé vers Mboki et s’est installé sur le côté sud de la rivière Mbomou, dans la province du Bas Uélé, en RDC. La présence plus récente du groupe Achaye près de Mboki, plus à l’est que pendant la majeure partie de 2016, pourrait signifier que le groupe a été repoussé vers l’est dans le Haut Mbomou par la montée des attaques par d’autres groupes armés le long de l’axe Rafai-Zemio ces derniers mois.
La réduction des attaques liées au groupe dissident Achaye Doctor en 2017 par rapport à 2016 est probablement due en partie à une tendance générale à la réduction des activités de la LRA dans l’est de la RCA en 2017 par rapport à 2016. En outre, une réduction du nombre de rescapés de la LRA en 2017 par rapport à 2016 a rendu difficile de déterminer quels groupes de la LRA sont responsables d’attaques spécifiques. Par conséquent, il est possible que le groupe dissident d’Achaye soit responsable de plus d’attaques en 2017 que les quatre incidents que les rescapés ont jusqu’à présent définitivement liés au groupe.
La violence dans l’est de la RCA, dans le nord de la RDC, reflète les lignes de fracture intercommunautaires
Bien que les attaques des groupes armés non-LRA dans la région frontalière de Mbomou-Uélé aient chuté en Octobre par rapport aux mois précédents, des incidents isolés ont mis en évidence la façon dont les acteurs armés continuent d’attaquer les civils. Le 7 Octobre, un groupe de pastoralistes s’est disputé avec des chasseurs près d’Ango, dans la province du Bas Uélé, en RDC, après que les pastoralistes aient accusé les chasseurs d’avoir tué une vache qui s’était coincée dans un piège. Les pastoralistes ont poignardé un chasseur et en ont temporairement enlevé un autre pendant l’incident.
Dans l’est de la RCA, des hommes armés du groupe minoritaire Peuhl ont pillé plusieurs ménages à Mboki. Cette attaque est la dernière d’une tendance à la montée de la violence dans la préfecture du Haut Mbomou, en particulier dans les villes de Zemio et de Mboki. Les hommes Peuhls armés ont été responsables d’attaques dans ces villes ces derniers mois, tout comme les groupes anti-balaka, qui ciblent souvent les Peuhls et les civils musulmans. Plus à l’ouest, dans la communauté de Pombolo dans la préfecture de Mbomou, des affrontements entre groupes armés ont blessé au moins 22 civils le 18 Octobre. Les milices anti-balaka et l’Union pour la Paix en Centrafrique (UPC) seraient responsables de cet incident. L’UPC est une faction du mouvement ex-Séléka et composée principalement de combattants Peuls.
Regard sur l’avenir: L’arrivée de la saison sèche pourrait entraîner une augmentation de l’activité des groupes armés
Depuis au moins 2011, le début de la saison sèche dans la région frontalière de Mbomou-Uélé correspond à une menace accrue des groupes armés contre les civils. Entre 2011 et 2016, les enlèvements par la LRA ont été particulièrement élevés de Décembre à Mars, le pic de la saison sèche. La saison sèche est également liée à l’augmentation des déplacements des braconniers d’éléphants dans certaines zones, comme le Parc National de la Garamba. Dans l’est de la République Centrafricaine, la saison sèche pourrait entraîner des mouvements plus importants de la part des factions ex-Séléka et des groupes armés anti-balaka et une concurrence accrue pour le contrôle des villes stratégiques et des sites miniers artisanaux.
Le LRA Crisis Tracker est un projet d’Invisible Children qui intègre des données sur les activités des groupes armés dans la région frontalière de Mbomou-Uélé, une zone géographique qui comprend les préfectures de la Haute Kotto, du Mbomou et du Haut Mbomou dans l’est de la RCA et les provinces du Haut-Uélé et Bas Uélé dans le nord-est de la RDC au nord de la rivière Uélé. Les informations sur les activités des groupes armés dans les régions voisines de la RCA, de la RDC, du Soudan du Sud et du Soudan sont intégrées dans notre analyse de la dynamique des conflits dans la région frontalière de Mbomou-Uélé.
Visitez le LRA Crisis Tracker à LRAcrisistracker.com
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