Il y a eu au moins 22 attaques sur des civils en janvier 2018, dans la région frontalière de Mbomou-Uélé, lors desquelles au moins 5 civils ont été tués et 26 autres ont été enlevés.  En févriern, l’on compte 30 attaques qui ont tué au moins 15 civils et mené à l’enlèvement de 25 autres.  L’un des changements les plus significatifs de janvier-février 2018, en comparaison avec des périodes similaires des années précédentes, fut la réduction drastique de l’activité de la LRA, particulièrement au sujet de leurs enlèvements.  Les incidents violents impliquant la minorité peuhl ont également augmenté, dont huit attaques visant les Peuhls et huit attaques pour lesquelles des Peuhls armés ou la faction ex-Séléka à majorité peuhl, l’Union pour la Paix en Centrafrique (UPC), étaient tenus responsables.

Les incidents violents impliquant des Peuhls soulignent l’existence de tensions en RCA, RDC

Des membres du groupe minoritaire peuhl ont été impliqué dans plus de 40% des attaques non-LRA sur des civils en janvier et février 2018, dans la région frontalière de Mbomou Uélé. Ce groupe minoritaire peuhl, situé dans l’est de la RCA et le nord-est de la RDC, est très diversifié et composé d’une myriade de sous-groupes, et les incidents violents sont fortement influencés par les dynamiques conflictuelles locales, rendant ainsi difficile la création de modèles conclusifs. Tandis que les tensions entre Peuhls et d’autres groups existent depuis des années dans cette région, il n’y a aucun doute qu’il y ait eu une intensification de la violence et des tensions intercommunales impliquant les Peuhls au cours de l’année passée, particulièrement à l’est de la RCA. Seulement trois incidents violents impliquant des Peuhls ont été enregistrés en janvier-février 2017, comparé à 15 en janvier-février 2018.

Des Peuhls armés ou combattants de l’UPC sont responsables de quatre attaques sur des civils dans l’est de la RCA en janvier-février 2018, trois d’entre elles ayant eu lieu dans ou près de la ville de Mboki, une ville sous le contrôle de l’UPC dans la préfecture du Haut Mbomou. Dans la préfecture de Haute Kotto, des Peuhls ont plus souvent été pris pour cibles qu’ils n’ont été accusés d’être auteurs de violence. Le 3 janvier, des forces anti-balaka ont tué trois hommes peuhls et ont sévèrement blessé trois autres qui voyageaient en direction de la ville de Bria.  Des forces anti-balaka près de Bria ont attaqué des Peuhls à trois autres occasions, en février.

En RDC, quatre incidents violents ont impliqué des Peuhls. Un incident en particulier souligne les nombreuses dynamiques complexes de conflits impliquant les Peuhls en RDC. Le 25 janvier, un groupe d’hommes armés sud-soudanais a attaqué un groupe de pasteurs peuhls dans une forêt congolaise isolée entre Bangadi, RDC, et Sakure, Soudan du Sud. Les hommes sud-soudanais ont tué plusieurs vaches peuhls. Les pasteurs se sont cachés dans la brousse, mais ont éventuellement décidé de retourner sur la scène pour récupérer la viande de leurs vaches.  Cependant, lorsqu’ils sont arrivés et ont aperçu que les Sud-Soudanais étaient déjà en train de ce faire, les deux groupes se sont affrontés, ce qui résulta dans la mort d’au moins 6 Sud-Soudanais. En rentrant chez eux, les pasteurs ont croisé un groupe de pêcheurs congolais sur lequel ils ont tiré, dans leur confusion, tuant ainsi l’un d’entre eux.

La violence LRA en saison sèche réduite en 2018 par rapport aux années précédentes 

Depuis 2010, la LRA a été traditionnellement plus violente en janvier et février, la période de pointe de la saison sèche, que durant les autres mois de l’année. En janvier-février 2016, la LRA a enlevé 306 civils lors de 60 attaques, dont pendant une vague violente d’enlèvements d’enfants ordonnée par le commandant de la LRA, Joseph Kony. L’activité de la LRA des deux premiers mois de 2017 a diminué, avec 32 attaques et 133 enlèvements, comparé à 2016, où janvier était le premier mois et février le troisième mois en termes du plus grand nombre d’enlèvements LRA. En 2017, janvier était classé troisième et février était classé premier.

Les forces de la LRA ont enlevé 42 civils lors de 19 attaques en janvier-février 2018, ce qui marque une forte baisse comparée à l’année précédente et, en particulier, à 2016. Néanmoins, un nombre relativement faible d’enlèvements lors de ces deux mois ne signifie pas nécessairement qu’il y ait une baisse dans la capacité du groupe à augmenter ses enlèvements s’il le décide.  Il est déjà arrivé qu’une baisse soudaine d’enlèvements par la LRA, tel que pendant janvier-février 2013 (65 enlèvements), soit suivie d’une hausse lors de la saison sèche des années suivantes. De plus, peu de combattants ougandais, qui constituent le noyau central de la LRA, ont défecté ces dernières années, y compris seulement un en mars 2017.

Les évènements au sein des zones à forte activité LRA pourraient aider à prédire les menaces futures pour les civils 

Tandis que l’activité de la LRA en janvier-février 2018 a diminuée comparée aux années précédentes, le groupe demeure une menace aux civils à travers de nombreux territoires. En RCA, parmi les incidents les plus violents de la LRA se trouvent deux en mi-février, dans les communautés jumelles de Ngui 1 et Ngui 2, où la LRA a enlevé 12 adultes et un enfant, relâchant les adultes après les avoir forcé à porter des biens pillés, tout en gardant l’enfant en captivité. De telles attaques récentes de la LRA, à relativement grande échelle, ont souvent été l’oeuvre de combattants LRA sous des ordres de collecter et ramener de grandes quantités de provisions à Kony. Des communautés à l’est de Bria pourraient subir des attaques similaires en mars, si Kony continue à donner de tels ordres.

Un groupe séparé de la LRA a été responsable de cinq attaques au long de la frontière RCA-RDC, entre les villes de Zémio et Mboki. L’une de ces attaques était celle du 12 janvier, où deux hommes congolais et cinq hommes centrafricains ont été enlevés et forcés à porter des biens pillés. Durant ces dernières années, cette zone a été visée par le groupe d’Achaye Doctor, un groupe dissident de la LRA qui dernièrement opère plutôt dans le sud de la RDC, dans la province du Bas Uélé, soulevant la possibilité que l’activité de la LRA pourrait migrer au sud dans les semaines à venir, à travers ou proche de l’Aire Protégée de la province de Bili Uélé.

La LRA a également été active au sein du triangle Niangara-Bangadi-Ngilima, dans la province du Haut Uélé en RDC, une aire qui était déjà une cible favorite des commandants de la LRA. En mai 2016, cette zone était la cible de groupes LRA se déplaçant du sud-ouest de la RCA au Parc National de Garamba.  L’activité récente à cet endroit pourrait indiquer que les communautés les plus proches du parc, vers l’est, risquent d’être prises pour cible dans les semaines et mois à venir.


* Le LRA Crisis Tracker est un projet d’Invisible Children qui intègre des données sur les activités des groupes armés dans la région frontalière de Mbomou-Uélé, une zone géographique qui comprend les préfectures de la Haute Kotto, du Mbomou et du Haut Mbomou dans l’est de la RCA et les provinces du Haut-Uélé et Bas Uélé dans le nord-est de la RDC au nord de la rivière Uélé. Les informations sur les activités des groupes armés dans les régions voisines de la RCA, de la RDC, du Soudan du Sud et du Soudan sont intégrées dans notre analyse de la dynamique des conflits dans la région frontalière de Mbomou-Uélé.

Visitez le  LRA Crisis Tracker à LRAcrisistracker.com

Ce rapport est rendu possible grâce au Peuple américain, par le biais de l’Agence des Etat-Unis pour le Développement International (USAID). Invisible Children se maintient responsable du contenu de ce rapport, qui ne reflète pas nécessairement l’opinion d’USAID ou du gouvernement américain.

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