Un groupe de l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA) a franchi la frontière de la République Centrafricaine (RCA) vers le nord de la République Démocratique du Congo (RDC) en Mai 2017, enlevant au moins 23 personnes dans une série d’attaques sur le chemin du le Parc National Garamba, contre des civils. Dans l’est de la RCA, la violence des groupes armés contre des civils s’est intensifiée de manière spectaculaire en Mai, avec des factions ex-Séléka et des groupes locaux d’autodéfense (anti-balaka) tuant 132 civils dans les préfectures de la Haute Kotto, du Mbomou, et Haut Mbomou. Des groupes anti-balaka ont également tué six soldats du maintien de la paix de la Mission Multidimensionnelle de Stabilisation Intégrée des Nations Unies en RCA (MINUSCA), ce qui fait de Mai le mois le plus meurtrier pour la mission depuis sa création en 2014.

Pour une analyse plus approfondie des activités des groupes armés dans l’est de la RCA, ainsi que dans les régions voisines de la RDC et du Sud-Soudan, voir le rapport récent d’Invisible Children, Escalating Violence in Eastern CAR Poses Grave Threat to Civilians.

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Les combattants de la LRA attaquent des civils sur leur chemin pour le Parc National de la Garamba

Depuis 2012, le chef de la LRA, Joseph Kony, a souvent chargé ses commandants de voyager vers le Parc National de la Garamba en RDC et vers les réserves de chasse environnantes pour braconner les éléphants et ensuite retourner dans l’est de la RCA et dans le territoire de Kafia Kingi contrôlé par le Soudan avec de l’ivoire illicite. La présence de groupes de braconnage de la LRA dans Garamba a été directement liée à l’augmentation des attaques de la LRA sur les communautés entourant cette aire protégée, cette dernière visant à se procurer de la nourriture et autres provisions pour les soutenir alors qu’ils braconnent. Avant 2017, la dernière période d’activité de la LRA dans et près de Garamba était entre Avril et Juillet 2016.

Le 9 Mai, les forces de la LRA ont attaqué deux endroits dans la province du Haut-Uélé en RDC, juste au sud de la frontière avec la RCA. Au cours des trois semaines suivantes, une série d’attaques de la LRA a indiqué la progression d’un groupe (ou de plusieurs groupes) de LRA de la zone frontalière vers Garamba. Plusieurs autres attaques dans le Haut Uélé en Mai, attribuées à des groupes armés non identifiés en raison des informations limitées sur les assaillants, ont peut-être été commises par ces forces de la LRA. Les attaques de la LRA sur les communautés près de Garamba se sont poursuivies en Juin, avec quatre attaques à l’est et au sud du parc. Au total, les forces de la LRA ont commis au moins 14 attaques et ont enlevé au moins 33 civils dans le Haut Uélé depuis le début du mois de Mai.

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Intensification de la violence par les ex-Séléka et les groupes d’autodéfense (anti-balaka) dans l’est de la RCA

Les attaques contre les civils ont augmenté de manière spectaculaire jusqu’à présent en 2017 dans les préfectures de la Haute-Kotto et du Mbomou, principalement en raison des combats impliquant des milices d’autodéfense (anti-balaka) et deux factions ex-Séléka, le Front Populaire pour la Renaissance de la Centrafrique (FPRC) et l’Union pour la Paix en Centrafrique (UPC). Le 12 Mai, les combattants de l’autodéfense (anti-balaka) ont attaqué Bangassou, la capitale de la préfecture du Mbomou, où ils ont délibérément cibler le quartier essentiellement musulman de Tokoyo. Plus de 115 civils ont été tués dans le combat. L’incident a entraîné une tension sectaire dans toute la région, et quelques jours plus tard, les anciens combattants de la Séléka et les anti-balaka se sont affrontés à Bria, la capitale de la préfecture de la Haute Kotto. Au moins 17 civils ont été tués dans les combats, ce qui a également entraîné le pillage de plusieurs groupes humanitaires et le déplacement d’au moins 20 000 personnes.

Les groupes anti-balaka ont également ciblé les casques bleus de la MINUSCA à plusieurs reprises en Mai 2017. Le 8 Mai, des combattants ont tendu une embuscade à la MINUSCA à l’est de Bangassou près de la communauté de Yongofongo, tuant cinq soldats de la paix et en blessant dix autres. Au cours de l’attaque du 12 Mai contre Bangassou, certains combattants anti-balaka ont ciblé les positions de la MINUSCA alors que d’autres attaquaient le quartier de Tokoyo. Un soldat marocain de la paix a été tué lors de l’incident. En plus des six soldats de la paix tués en Mai, des hommes armés non identifiés ont tué deux soldats de la paix marocains à l’est de Obo le 3 Janvier 2017.

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Mise à Jour des Programmes 

Dans la province du Haut-Uélé en RDC, notre équipe et nos partenaires communautaires ont mené une formation sur la protection de la faune pour les leaders communautaires dans quatre communautés où ils ont discuté de moyens de subsistance alternatifs à la chasse et l’importance de la protection et de la conservation de la faune près de Garamba.

En RCA, Invisible Children a soutenu le transfert à Obo d’un garçon congolais de 10 ans qui s’est échappé de la LRA à Mboki après trois ans de captivité. Le personnel de Invisible Children a travaillé avec AFASVR, l’un de nos partenaires communautaires à Obo, pour s’assurer qu’il a été accueilli dans le centre de transit. Il sera soigné au centre de transit jusqu’à ce que sa famille puisse être retrouvée et qu’il puisse rentrer chez lui. En Mai, notre équipe de Invisible Children en RCA a également participé à une formation de révision axée sur le rapport d’informations relatives à la violence sexuelle et basée sur le genre (VSBG) et aux abus de protection de l’enfance.

Le 30 Mai, la MINUSCA et le Bureau des Droits de l’Homme des Nations Unies ont publié un rapport sur les violations des droits de l’homme en RCA de 2003 à 2015. Le rapport cite en grande partie des données sur les activités des groupes armés récoltées par le LRA Crisis Tracker de Invisible Children, en particulier en ce qui concerne la violence à la LRA.