Les niveaux de violence dans la région frontalière Mbomou-Uélé * ont continué de baisser en Novembre par rapport aux mois précédents, en partie parce que la LRA a commis le moins d’attaques (deux) et le moins d’enlèvements (zéro) par mois depuis le mois de Juin 2008. Cependant, les conflits intercommunautaires dans les préfectures du Haut Mbomou et du Mbomou en République Centrafricaine (RCA) se sont poursuivis en Novembre 2017, avec des hommes armés de la communauté Peuhl qui ont commis deux attaques dans lesquels au moins 20 civils ont été tués.

Les mois de Novembre et début Décembre ont également mis en lumière le sort des rescapés de la LRA en RDC et en RCA. Au moins 11 rescapés de la LRA, dont trois enfants, sont bloqués dans la région frontalière de Mbomou-Uele, les processus de rapatriement et de regroupement familial étant bloqués dans de nombreuses régions.

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Niveau bas historique pour la violence de la LRA
Les deux attaques de la LRA en Novembre représentent le nombre le plus bas d’attaques de la LRA depuis au moins Juin 2008, l’un des premiers mois pour lesquels le LRA Crisis Tracker dispose de données. Pour le contexte, de 2008 à 2016, la LRA a commis en moyenne 15 attaques et 40 enlèvements de civils au mois de Novembre.

Les deux attaques de la LRA en Novembre 2017 se sont produites près de Pambayamba, une petite communauté minière située dans la région reculée du nord-est de la préfecture de la Haute Kotto en RCA. Dans les deux attaques, les combattants de la LRA ont tendu une embuscade aux motocyclistes et les ont pillés, notamment de savon, de sucre et d’argent. Les attaques de la LRA près de Pambayamba ont prolongé une tendance à l’intensification de l’activité de la LRA dans le nord-est de la Haute Kotto depuis Juillet 2017, y compris deux attaques au nord de Pambayamba en Octobre 2017.

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La tension intercommunale dans les Mbomous persiste
Les tensions entre la minorité Peuhl et d’autres groupes ethniques dans les préfectures du Mbomou et du Haut Mbomou continuent de couver. Depuis Avril 2017, 38% des incidents recensés par le LRA Crisis Tracker dans les deux préfectures concernaient des civils Peuhls armés ou des combattants de l’Union pour la Paix en Centrafrique (UPC), un groupe armé à majorité Peuhl actif dans l’est de la RCA. Certains de ces incidents concernaient des civils Peuhls ou des combattants de l’UPC qui affrontaient ou ciblaient des acteurs armés et des civils appartenant à d’autres groupes ethniques. En outre, 7% des incidents de violence perpétrés depuis le mois d’Avril concernaient des civils Peuhls ciblés par des groupes armés, notamment des anti-balaka et la LRA.

Au mois de Novembre, des Peuls armés ont commis deux attaques contre des civils, dont l’assassinat d’au moins 20 civils dans la communauté de Dembia dans le Mbomou le 20 Novembre. L’attaque contre Dembia fait suite aux efforts d’une milice armée locale à Zemio d’obliger les Peuls à quitter Zemio après des mois de tensions et d’affrontements persistants. Alors que les Peuls se déplaçaient vers l’ouest en direction de Dembia, le Système d’Alerte Précoce à haute fréquence (SAP) a été utilisé pour avertir les civils du risque que des hommes armés approchent de la communauté. Bien que les affrontements qui ont suivi aient tué 20 civils, l’alerte a permis à de nombreux femmes et enfants d’éviter la violence.

Les rescapés de la LRA, y compris des femmes et des enfants, restent bloqués
Au cours des 11 premiers mois de 2017, 46 personnes ont échappé à la captivité à long terme de la LRA, définie comme ayant passé six mois ou plus dans la LRA. Parmi ces 46 évadés, 17 étaient des enfants et 22 étaient des jeunes adultes (entre 18-24 ans), et 7 étaient des hommes de plus de 24.

Retrouver les familles des rescapés de longue date de la LRA et les ramener chez eux en toute sécurité est souvent un processus difficile. Beaucoup s’échappent dans un pays autre que celui où ils ont été enlevés, y compris 19 des 46 rescapés de longue date de la LRA en 2017. En outre, beaucoup s’échappent de la LRA dans des communautés éloignées auxquelles les acteurs humanitaires internationaux ont du mal à accéder. D’autres ont été enlevés dans des communautés qui connaissent actuellement un conflit, ce qui soulève des inquiétudes quant à leur capacité de rentrer chez eux en toute sécurité. Enfin, de nombreux acteurs internationaux, autrefois chargés d’aider à rapatrier les rescapés de la LRA, ont retiré ou réduit leur empreinte opérationnelle dans les zones touchées par la LRA.

En raison de ces difficultés, certains rescapés de la LRA sont obligés de subir une séparation prolongée de leur famille en attendant d’être transportés chez eux et sont privés de services médicaux et psychosociaux appropriés. Cette souffrance est aggravée par le traumatisme mental et physique qu’ils ont subi pendant leur captivité par la LRA. Les rapports du LRA Crisis Tracker montrent qu’il y a au moins 11 rescapés de longue date de la LRA, dont trois enfants, bloqués dans des communautés en RDC et en RCA, aucun progrès n’étant fait pour les réunir avec leurs familles. Au moins trois autres rescapés récents de longue date de la LRA risquent d’être bloqués si des mesures immédiates ne sont pas prises pour les réunir avec leurs familles.

Les 11 rescapés de longue date de la LRA actuellement bloqués sont:

+ Bangui (RCA): Un combattant Ougandais de la LRA  souffrant de graves problèmes de santé mentale est détenu dans une prison depuis mi-2016 dans des circonstances juridiques peu claires;

+ Haute Kotto (RCA): Trois mineurs dans une communauté éloignée sans accès à des services médicaux ou psychosociaux; l’un d’entre eux y est bloqué pendant plus de six mois

+ Haut Mbomou (RCA): Une femme Congolaise est bloquée dans le centre de transit pour les rescapés de la LRA

+ Mbomou (RCA): Deux Congolais et deux Sud Soudanais sont bloqués dans un site isolé;

+ Haut Uele (RDC): Deux jeunes hommes Centrafricains Two Central African sont sous la responsabilité de l’ONU depuis Juin 2017.

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* Le LRA Crisis Tracker est un projet d’Invisible Children qui intègre des données sur les activités des groupes armés dans la région frontalière de Mbomou-Uélé, une zone géographique qui comprend les préfectures de la Haute Kotto, du Mbomou et du Haut Mbomou dans l’est de la RCA et les provinces du Haut-Uélé et Bas Uélé dans le nord-est de la RDC au nord de la rivière Uélé. Les informations sur les activités des groupes armés dans les régions voisines de la RCA, de la RDC, du Soudan du Sud et du Soudan sont intégrées dans notre analyse de la dynamique des conflits dans la région frontalière de Mbomou-Uélé.

Visitez le  LRA Crisis Tracker à LRAcrisistracker.com